Rencontre avec Maha Misto, acheteuse mode d'Abou Dhabi

Il y a 36 ans, Maha Misto a ouvert la première boutique Green Bird à Abou Dhabi. Depuis, elle en a ouvert deux autres, mettant en avant des marques haut de gamme, de la couture au prêt-à-porter. Lors de la dernière édition de Who’s Next, elle nous a parlé de son métier et de sa vision du secteur.

Pouvez-vous vous présenter ?


Maha Misto : Je suis propriétaire des boutiques Green Bird à Abou Dhabi, que j’ai créées en 1988. Aujourd'hui, j'en ai trois ; un dédié au sport chic dans un centre commercial, un autre plus petit consacré au prêt-à-porter, et un dernier dédié aux robes du soir et à la haute couture. Deux de mes boutiques sont situées sur une grande avenue, et une autre est dans un centre commercial. Je travaille avec Cavalli, Versace, Philipp Plein… La plupart des marques que je propose sont italiennes, mais depuis que j’ai découvert Who’s Next, j’ai intégré des marques originales et uniques.

Vous appréciez la diversité qu’offre le salon…


Oui, la variété est un atout majeur, du jean aux pièces que j’aime appeler « plus funky » et que je ne trouve pas ailleurs. Il y a aussi des accessoires uniques. Je viens au salon depuis deux saisons, et j’apprécie également le professionnalisme des participants et l’excellente organisation. Vous prenez soin des clients VIP, ce qui est rare, même à New York ou à Milan. Le marché est instable en raison de la situation politique mondiale… Mais nous survivons. Cette saison, j’ai choisi ce qui correspond aux besoins de mon marché.


Qu’est-ce que les clients aiment dans vos boutiques ?


Ce sont des concept stores uniques et élégants. Chaque client qui entre trouve quelque chose de différent. Il y a beaucoup de concurrence à Abou Dhabi, mais ce qui me distingue, c’est mon approche du mix and match. J’associe le prêt-à-porter et la couture, ce qui me permet d’offrir des prix accessibles.

Quel type de clientèle fréquente vos boutiques ?


Ma clientèle est transgénérationnelle, allant des jeunes filles aux adultes. J’ai aussi beaucoup de clientes qui recherchent des tenues pour des occasions spéciales comme les mariages ou les cérémonies de remise de diplômes. Récemment, de nombreux touristes visitent ma petite boutique située dans un centre commercial. Ils sont intrigués par l’offre que je propose. Je ne copie pas les autres magasins. L’idée d’un concept store est d’offrir quelque chose de différent et d’avoir sa propre identité, ce qui fidélise ma clientèle.


Qu’est-ce qui a changé depuis l’ouverture de votre première boutique en 1988 ?


Beaucoup de choses, surtout avec le Covid. Le marché était florissant avant, mais aujourd’hui, les clients sont devenus plus paresseux, habitués à commander en ligne. Cependant, j’ai l’impression que les clients haut de gamme en ont assez du shopping en ligne. Ils veulent voir et toucher les matières, et bénéficier de retouches.


Quel est votre processus d’achat au Who’s Next ?


D’abord, je recherche les marques avec lesquelles je travaille déjà. Ensuite, j’en découvre deux ou trois nouvelles. C’est pourquoi je viens ici : je découvre toujours de nouvelles marques. Mais cela dépend des saisons. En ce moment, c'est l'été à Abou Dhabi et il fait extrêmement chaud. D'ailleurs, nous n’avons pratiquement pas d’hiver donc il est plus difficile pour moi de trouver des marques durant les éditions automne-hiver du salon. Je privilégie donc les matières légères comme la soie, le coton et la laine fine, notamment pour le Ramadan. J’évite les tissus lourds et cherche toujours des soies et des chiffons spéciaux.

Comment développez-vous votre offre en boutique ?


Les robes du soir sont essentielles : elles représentent 50 % de mes ventes. Le prêt-à-porter compte pour 40 %, et les accessoires environ 10 %. Je me concentre davantage sur les robes du soir, car il y a beaucoup de mariages, d’événements et de fêtes dans notre région. Il serait intéressant que Who’s Next propose davantage de marques spécialisées dans les robes de soirée, pas seulement des articles coûteux. Nous avons plus besoin de tenues de soirée que d’options casual.


Quel rôle jouent les réseaux sociaux dans votre communication ?


Ils sont essentiels. Nous utilisons Instagram, TikTok et Snapchat, mais nous privilégions aussi le marketing direct via WhatsApp. La plupart des clients VIP ne font pas leurs achats en public et préfèrent des pièces en édition limitée. Je ne stocke pas de grandes quantités, je mise sur la qualité et les éditions limitées. Nous organisons aussi des événements privés pour eux, comme des défilés, des trunk shows et des soirées exclusives.



Comment attirez-vous de nouveaux clients ?


Abou Dhabi n’était pas une destination touristique avant, mais cela change. Les gens apprécient son rythme plus calme par rapport à Dubaï. De plus en plus de touristes viennent d’Europe, des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Afrique, notamment d’Afrique du Sud.


Avez-vous diversifié les marques que vous proposez en boutique ?


Je préfère une approche internationale plutôt que 100 % italienne. Environ 60 % des marques que je vends sont italiennes, mais j’intègre aussi des labels internationaux. Dans un concept store, il est essentiel de mixer les influences et de proposer des prix variés pour que les clients puissent acheter davantage.


Comment voyez-vous l’évolution du marché et des tendances dans les prochaines années ?


Malheureusement, les créations originales sont de plus en plus rares. Il y a trop de copies, et je ne veux pas de contrefaçons. Je recherche l’authenticité, des pièces différentes et stylées. Ce n’est pas toujours une question de prix : certaines marques abordables peuvent être très élégantes.

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