CARLOTA CAHIS : La Mémoire de la Maille et l’essence méditerranéenne sur Premiere Classe

À l’approche de la prochaine édition de Premiere Classe, du 3 au 6 octobre 2025, le pouls de la créativité contemporaine entre en résonance avec le rythme de l’artisanat. Carlota Cahis se distingue avec une proposition à la fois fraîche, intime et lumineusement composée.

Sa maille — légère comme une brise marine, ancrée dans une mémoire tactile — explore bien au-delà de la technique classique. Chaque pièce tisse une douce rébellion contre le jetable, se façonnant avec confort, élégance et nostalgie en un langage qui lui est propre.

Une première rencontre gravée dans les fils et le dialogue 


La première apparition de Carlota sur Premiere Classe, en mars 2025, a marqué un tournant. “J’en demeure encore tellement reconnaissante”, se souvient-elle, évoquant un moment où son organisation préalable lui a permis la rencontre de nombreuses d’opportunités. Accompagnée de son agent wholesale, elle est arrivée non seulement avec une collection aboutie, mais aussi avec des rendez-vous planifiés et un esprit ouvert. “Beaucoup de boutiques nous ont découvertes là-bas. Certaines ont commandé immédiatement ; d’autres ont demandé à nous revoir en octobre. Tout s’est fait très naturellement, très organiquement”, raconte-t-elle.


Mais l’expérience n’était pas uniquement transactionnelle. “Il y a une générosité entre les exposants, une admiration silencieuse que l’on partage. On va vers quelqu’un simplement parce qu’on aime ce qu’il ou elle fait.” Cette dimension humaine, insiste-t-elle, est l’âme même du salon Premiere Classe. “L’énergie est bienveillante, respectueuse. On se sent vraiment comme faisant partie d’une communauté créative forte et définie.”

La maille comme langage, mémoire et résistance

Le travail de Carlota est animé par une éthique d’attention pour chaque détail. “Pour moi, la qualité et l’exécution précise dans le design ne sont pas négociables”, affirme-t-elle simplement. Chaque pièce est fabriquée en Catalogne avec des fils issus de filatures italiennes comme Filpucci, puis réalisée par des artisans locaux. “Si je ne peux pas soigner le monde comme un médecin le ferait, je peux au moins contribuer à faire vivre une économie locale et préserver un artisanat en voie de disparition.”


Pour Carlota, la maille n’est pas qu’un vêtement — c’est un souvenir, une connexion, une architecture émotionnelle. Ses pièces font écho à la texture de la garde-robe de sa mère, à la forme de ses étés passés, aux silhouettes de femmes méditerranéennes longeant des paysages iconiques sur la côte amalfitaine. “Je ne reproduis pas les tendances. J’adapte des formes existantes — un cardigan de bébé, un chemisier vintage, un costume de film — en maille. Mon originalité réside dans cette adaptation.”


Le résultat s’articule à travers une garde-robe de murmures tactiles : des robes douces comme un soupir, des hauts qui épousent la peau comme une seconde peau. Avec la maille comme boussole, elle façonne des pièces à la fois structurées et souples — une douce révolte contre la saturation créative de la fast fashion. “Je crois en la durabilité, en des vêtements chargés d’émotions. Pour moi, la durabilité n’est pas une étiquette. C’est la seule voie.”

Forme, intimité et contours du confort

“Je crée des pièces qui s’adaptent au corps — pas l’inverse”, affirme Carlota. Ses silhouettes, bien que tricotées, refusent d’être confinées aux clichés hivernaux. Des robes d’été légères imitant le tombé du lin aux chemises d’inspiration western réinterprétées en fil, chaque création est un geste architectural tout en douceur.


Cette flexibilité en dit long dans une industrie souvent dominée par la rigidité. Ses vêtements sont vivants, en mouvement, pensés pour suivre celle qui les porte plutôt que la diriger. “Il y a de l’élégance dans la simplicité. Dans l’intemporalité. Je veux que les femmes se sentent bien habillées, oui — mais surtout, qu’elles se sentent elles-mêmes.”

Au-delà des tendances : continuité esthétique et gaité silencieuse

Bien que sa marque soit encore jeune, Carlota maîtrise déjà l’art délicat de l’équilibre dans le design. “Je ne suis pas les tendances, mais je ne les combats pas non plus”, confie-t-elle. “Si le pantalon large revient, je ne vais pas lancer un jean skinny — mais je ne vais pas non plus copier ce que tout le monde fait.” Ses pièces, au lieu de crier, murmurent. Les collections se déroulent comme des familles — certaines reviennent avec de nouvelles couleurs, d’autres naissent d’un souvenir, d’un film italien des années 70 peut-être, ou d’une tenue chérie de son enfance…


Son esthétique ? Méditerranéenne, surtout, admet-elle — bien qu’avec prudence. “Ce mot est tellement galvaudé”, sourit-elle. “Mais je rêve en lignes côtières. En glamour des années 70. En une femme qui sort dîner à Porto Rotondo ou Cadaqués, avec le soleil dans les cheveux et un petit cardigan sur les épaules.”

L’œil de l’acheteur, le cœur de la porteuse

Les acheteurs d’aujourd’hui, observe Carlota, ne recherchent plus seulement la qualité — ils cherchent du sens. “Ils veulent savoir d’où viennent les choses. Qui les a faites. Et pourquoi.” Sa réponse n’est pas de parler plus fort, mais d’ancrer davantage ses racines. “Je garde mon ADN tout en m’assurant qu’il reste pertinent.”


La cliente Carlota Cahis est une femme dotée d’une certaine sensibilité émotionnelle et d’une curiosité pour le monde qui l’entoure. “Mais aussi”, poursuit-elle, “elle peut avoir 25 ans à Monaco ou 60 à Tokyo. Ce qui compte, c’est qu’elle se reconnaisse dans l’histoire.” En ligne, ses pièces voyagent particulièrement bien aux États-Unis et en Asie — des marchés où l’appréciation de l’artisanat reste forte.

Rayon X : dévoiler l’invisible

Pour l’édition d’octobre à venir, placée sous le thème Rayon X, Carlota dévoile ses familles les plus artisanales à ce jour. “Ces pièces n’auraient pas pu exister sans des regards internationaux. Elles sont complexes, sensibles, subtiles — et je crois que les acheteurs en Europe, aux États-Unis et en Asie sauront en saisir la valeur.”


Son message est discret, à l’image de sa maille. “Je veux que l’on sente que la maille peut être portée aussi bien lors d’un jour d’été que pendant les semaines les plus froides. Qu’elle peut respirer. Qu’elle peut être raffinée, fraîche et élégante. Pas seulement un cocon hivernal.”

Alors que le thème du salon nous invite à regarder sous la surface, le travail de Carlota agit comme un miroir — à la fois prolongement de sa personnalité et regard neuf sur le monde qui nous entoure. À travers les fils de la mémoire et des matières d’exception, elle propose une mode à la fois joyeuse et sincère — une œuvre de maille entre intimité, clarté et résistance silencieuse.

Yann Jobard Setzu

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