Entrevue avec Patricia Sáinz de P A T Studio

À l’occasion de Premiere Classe, Patricia Sáinz Martín, fondatrice de PAT Studio, une marque de sacs au raffinement artisanal, dévoile un travail d’auteur précis, sensoriel, intemporel.

Une présence qui incarne l’esprit du salon en révélant les marques qui font du détail un langage.

 

Berceau de la création

Votre enfance, elle sentait quoi ? Le cuir, la peinture, le parfum ?

Patricia Sáinz Martín : Elle sentait la boutique. Celle de ma mère, multimarques, tenue pendant plus de quarante ans. C’est là que j’ai grandi. À seize ans, j’y travaillais déjà. Ce monde m’a façonnée avant même que j’en prenne conscience.


 Vous souvenez-vous du tout premier objet que vous avez fabriqué ?

Oui. Des broches textiles que je vendais à la boutique pendant mes études. Je les créais pour le plaisir, sans ambition. Mais c’est là que j’ai compris : un objet peut contenir un message. Il peut dire quelque chose, sans parler.

Bio step by step

 

1- Diplômée en Histoire

2- Master en communication de mode

3- Dix ans journaliste mode freelance

4- Madrid, Londres, Brighton, Rome

5- À 30 ans : bascule — besoin urgent de créer avec les mains

6- Formation artisanale en Italie : cuir, coupe, couture

7- Lancement de PAT Studio

8- Objectif : penser l’objet du début jusqu’à la fin

En mode historique

Quel a été le déclic avant PAT Studio ?

À 28 ans, j'ai remporté un concours national de design pour jeunes créateurs juste après avoir quitté mon travail dans un magazine. J'avais présenté une mini-collection inspirée d'Elsa Schiaparelli et de son univers surréaliste. Cela m'a amenée à exposer à Paris, vendre toute la collection à une boutique au Koweït, et être invitée à Who's Next. Moment marquant, j’ai ensuite pris le temps d'apprendre et d'explorer pour transformer cette impulsion en véritable projet de marque.

Pourquoi avez-vous créé votre marque ?

J’ai toujours voulu créer mon propre projet. Après dix ans de freelance — saturée d’écrans, de concepts désincarnés — j’ai eu besoin de matière. À Rome, j’ai découvert l’artisanat italien, le cuir, les gestes. Cela a tout changé. J’ai compris que c’est cela que je voulais faire : créer avec mes mains.

Trouver sa voix

Si votre esthétique pouvait parler ?

Elle parlerait vrai, clair, transparent. Chez PAT, chaque détail a un sens. Même le miroir à l’intérieur du sac : l’un brun pour les teintes chaudes, l’autre argenté pour les froides. Rien n’est laissé au hasard


Comment commence une collection ?

Toujours par une forme, une sensation, parfois une obsession. Pour la dernière, ce sont les Vanity Cases des années 40 — ceux qu’on emportait dans les trains. Je les ai découverts en Italie, lors d’une exposition. J’ai voulu en traduire la nostalgie et la fonction, mais autrement.

Design ou poésie visuelle

Quelle émotion souhaitez-vous transmettre ?

Ce que l’objet fait naître quand on le touche. La température du cuir, sa souplesse, son odeur. Mon travail est sensoriel. Presque instinctif.

 

Voyez-vous votre travail comme de la mode ou de l’art ?

Mode. Ce sont des accessoires, oui. Mais je les vois comme des fragments de récit. Portables. Des objets avec une mémoire.

 

Quelles sont vos affinités artistiques ?

César, pour ses compressions métalliques. Jean Arp, pour ses formes libres, presque liquides. Les deux m’inspirent. On le dénote dans les serrures de mes sacs. Par ailleurs, j’adore l’univers  des films d’Alfred Hitchcock. Leur tension visuelle, leur élégance. Et surtout leurs personnages féminins : mystérieux, forts, impeccables. Comme Grace Kelly.

Luxe tactile

Préférez-vous la symétrie ou l’asymétrie ?

Ni l’un ni l’autre. Plutôt le contraste. Cet entre-deux vibrant, comme deux couleurs complémentaires qui s’éclairent mutuellement.

 

Quelle est votre définition du luxe contemporain ?

Ce sont les petites marques. Celles qui prennent des risques. Celles qui osent une vision. Qui choisissent leurs matériaux avec exigence. Le vrai luxe, c’est une question d’âme.

 

Et celle de la qualité ?

Mes sacs sont fabriqués à Cadix, en Espagne. Avec la rigueur des grandes maisons. Je ne vendrais jamais un objet dont je ne serais pas fière. Sinon, j’aurais l’impression de trahir ce que je suis.


Quiz express 

P.A.T ou Not PAT ?

Des accessoires sculpturaux ? → PAT

De la spontanéité dans le design ? → PAT

Faire du bruit juste pour qu’on vous regarde ? → PAS PAT

Porter du cuir en plein été ? → PAT

Briser les règles de la symétrie ? → PAT

Le luxe comme silence, pas comme paillettes ? → PAS PAT

La mode à toute vitesse ? → PAS PAT

Créer pour coller à la tendance ? → PAT, juste assez pour rester en phase avec notre époque

Des bijoux massifs à 9h du matin ? → PAT

Du noir toute l’année ? → PAT

Des micro-sacs sans fonction ? → PAS PAT

Des gants comme accessoire — pas pour se réchauffer ? → PAT

Des Crocs pour un vernissage ? → PAT

Des matières transparentes en hiver ? → PAT

Accorder sa tenue à son humeur ? → PAT

Porter ses propres créations à un rendez-vous ? → PAT

Le studio de backstage

Quelle a été votre première fois sur Premiere Classe ?

C’était une expérience à la fois surprenante et apaisante. Même si je ne connaissais personne, j’ai ressenti une forme d’évidence, comme si je trouvais enfin ma place. Il y avait une énergie très particulière, chaleureuse, presque familiale. J’ai pu échanger avec d’autres créateurs qui en étaient à leur première ou deuxième participation — des rencontres sincères, sans esprit de compétition, dans un cadre où chacun respecte le chemin de l’autre. Premiere Classe m’a offert cet espace rare où l’on se sent écouté, compris, encouragé.

Pourquoi revenir cette année ?

Parce que cette atmosphère bienveillante et professionnelle m’a profondément marquée. C’est un rendez-vous où l’on peut partager ses doutes, ses idées, et trouver des échos chez d’autres créatifs. Je me suis sentie réellement accompagnée, écoutée, comprise dans ma démarche. On a su percevoir ce que j’essaie de construire avec ma marque, et m’orienter avec justesse et générosité. Cette année, je reviens avec ma toute première collection de bijoux — un projet très personnel autour du mouvement de l’eau et de la transformation. Premiere Classe est l’endroit idéal pour dévoiler ce travail : ici, les singularités sont valorisées, les récits sont écoutés, et les liens se tissent naturellement.

Bonus track

Quel est le commentaire le plus étrange — mais marquant — que l’on vous ait fait ?

Un conservateur de musée m’a dit : « Vos sacs sont des sculptures portables. » Cette remarque m’a profondément touchée. J’ai ensuite exposé mes créations dans sa galerie, bouleversant!

 

Que faites-vous de plus “anti-mode” ?

Je sculpte. Je modèle la matière. Pas pour produire en boucle, mais pour explorer. Pour nourrir l’imaginaire.

 

Comment vivez-vous le temps ?

Avec frustration, parfois. Je me sens lente. J’aimerais créer davantage. Mais j’apprends à respecter ce rythme. Être créatif, c’est aussi savoir s’écouter.

 

Terminez-vous toujours ce que vous commencez ?

Non. Si l’idée s’est diluée, je préfère revenir en arrière. Ce qui compte, c’est que l’objet porte encore l’intuition du départ.

 

PAT Studio sur Premiere Classe 2025, préparez vos sens !

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