Le persona à l’ère du marketing 5.0 : à qui doit s’adresser la mode ?

Pour la seconde journée du salon Who’s Next, Véronique Beaumont, directrice générale du groupe ESMOD, a défini les contours de la persona à l’ère du marketing 5.0. Son objectif ? Aider les marques et les directeurs de boutique à comprendre à qui s’adresser dans une ère de tension économique et de changements sociétaux.

Cela fait 30 ans désormais que Véronique Beaumont travaille dans l’industrie de la mode. Aujourd’hui, elle dirige le groupe ESMOD Internationale qui réunit les 6 écoles – dont deux à Paris, 4 en régions et 12 partenaires franchisés à l’international. Riche de ses 183 ans d’existence, l’école de mode française créée en 1841 s’appuie sur son patrimoine de plus de 3 000 archives et brevets pour non seulement raconter, mais aussi aider à définir la mode actuelle. ESMOD n’est pas dans le passé, plutôt les yeux braqués droit vers l’avenir. C’est ce qui explique l’intervention de cette femme, qui entend offrir à travers son école une formation pratique de la mode afin d’aider les nouvelles générations à envisager la mode de demain. C’est au sein de la WSN Academy, nouvelle scène d'accompagnement du salon, qu’elle a présenté l’importance du persona à l’ère du marketing 5.0 pour indiquer aux marques à qui elles doivent s’adresser aujourd’hui si elles entendent conquérir le futur.

Mais c’est quoi le persona ?


Si le terme peut sembler obscur, il renvoie pourtant à une chose évidente : une entreprise doit être en mesure de cibler à qui elle s’adresse. Non seulement pour trouver sa raison d’être, mais aussi de proposer une expérience client personnalisée et développer une stratégie marketing qui optimise les ventes. Pour ce faire, l’experte préconise une utilisation de l’IA (Intelligence Artificielle). « L’IA permet désormais l’analyse en temps réel sur les réseaux sociaux, d’observer les historiques d’achat et les comportements en ligne », commence à expliquer Véronique Beaumont. « Le but est d’utiliser ces informations pour personnaliser les recommandations de produits, prédire les comportements futurs, optimiser l’expérience client… En soit, déployer une stratégie digitale marketing efficace et optimale ». Selon elle, le travail s’opère en trois étapes :


-       la collecte des données

-       la génération de nouvelles data

-       la mise en place d'interactions personnalisées


« Il y a une demande croissante des clients pour les expériences shopping guidées par l’IA », dit celle qui cite Dress X ou encore Revolve. Mais si le digital a son importance, l’expérience physique est aussi devenue indispensable. Il faut créer une connexion entre l’humain et les nouvelles technologies. Pour ce faire, elle donne trois lignes directrices :

Le point de vente physique doit être un lieu de shopping hybride


« Il faut mettre l’humain au cœur de l’expérience client. Créer un espace chaleureux, design, créatif… En un mot : engageant, et qui offre un plus que le online ne permet pas. L’achat doit devenir émotionnel et non compulsif ». Pour ce faire, Véronique Beaumont propose un service similaire aux conciergeries d’hôtels, de positionner des vendeurs mieux formés et donc plus compétents, mais aussi mieux rémunérés. « C’est ce qui donnera du sens à leur mission et les poussera à l’innovation ».

Le visual merchandising et les achats : des points-clés


« Les boutiques doivent offrir un espace accueillant dans lequel les clients peuvent comprendre les expertises, voire les apprendre avec des ateliers. Ce qui fera la différence, c’est la création de moments uniques, des produits à éditions limitées, privilégier la rareté… Soit satisfaire des attentes émotionnelles », assène l’experte. « Il faut aussi parler du local, intégrer les savoir-faire et les références artistiques et culturelles propres à la région dans laquelle vous êtes installé. C’est ce qui donnera un sentiment d’appartenance au client ».


Le pouvoir d’achat : le challenge des années à venir


Durant ce salon, la question du panier moyen et du pouvoir d’achat a été évoquée à de nombreuses reprises par des détaillants. Un sujet pour lequel Véronique Beaumont propose quelques solutions. « Il faut respecter le rapport qualité prix, surtout à une ère où la clientèle cherche à dépenser de manière plus raisonnée », conseille-t-elle. Mais un point sur lequel elle tient à insister, c’est aussi de repenser la cible et de prêter attention à une clientèle trop souvent laissée de côté. « Il faut faire attention à la « génération silver » soit les personnes de 50 ans et plus. Elles seront à l’origine de 48 % de la croissance supplémentaire des dépenses mondiales », rappelle l’experte. « Les marques et boutiques doivent opter pour une approche intergénérationnelle pour attirer cette cible en revoyant leur image, leur stratégie marketing, mais aussi leur assortiment de produits. Il ne faut pas tout miser sur la nouvelle génération qui est plus volatile en matière de loyauté ».

 

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