L’orfèvrerie : savoir-faire, enjeux et transmission sur Bijorhca

Moins connu que d’autres métiers d’art, l’orfèvrerie est pourtant un artisanat d’avenir comme l’a rappelé Eric Despierre de la maison Christofle aux côtés de porte-parole du GRETA.

Cela fait désormais près de vingt ans que les industries de la mode et du luxe s’inquiètent de la possible disparition de ce que l’on nomme désormais les métiers d’art. Loin de n’être qu’une question de préservation de savoir-faire, il s’agit aussi d’en assurer la transmission et de garantir la présence du beau dans nos environnements. Mais si le sujet est souvent discuté lorsqu’on parle de mode, il l’est moins concernant l’orfèvrerie. C’est aussi l’avis d’Eric Despierre, Responsable de la transmission des savoir-faire pour Christofle « Maison d'Orfèvrerie de l'Art de la Table depuis 1830 ». À ses côtés, Natacha Raguet et Isabelle Gerard portes-parole du GRETA (Groupement d’Établissements) qui offre des formations dans les métiers d’arts. Ensemble, ils intervenaient sur l’espace talk de Bijorhca autour de L’orfèvrerie : un art ancestral à l'épreuve du temps, enjeux et défis de la transmission des savoir-faire.

L’orfèvrerie, un métier passion aux 195 ans d’histoire


Eric Despierre est un homme passionné. C’est sans doute ce qui explique son aisance à résumer l’histoire de l’orfèvrerie en captivant ses interlocuteurs. Y compris ceux qui n’en sont pas des initiés. Cela fait désormais 40 ans que l’homme travaille au sein de la maison, lui qui est passé par les ateliers avec une spécialité de gravure sur acier, orfèvre et qui a désormais la charge de la transmission. « Il faut transmettre à une autre génération pour préserver le patrimoine immatériel. Ne pas perdre les expériences avec la difficulté de recruter. En France on n’a plus d’écoles d’orfèvrerie. Donc ça doit être fait en interne. La transition générationnelle c’est transmettre mais aussi permettre l’émergence de nouvelles idées », explique-t-il. Pour se faire, il cite pêle-mêle l’importance du tutorat qui crée du lien, favorise l’apprentissage dans un climat de confiance, permet de gagner en compétence et d’évoluer auprès de quelqu’un qui personnalise sa manière de transmettre à celui ou celle qui l’écoute. Il rappelle d’ailleurs que l’orfèvrerie est un art ancestral mais aussi moderne : « Nous avons créé une base de données digitale, nous produisons des vidéos tutorielles pour aussi préserver les gestes. C’est ce qui permet d’accélérer la montée en compétence mais aussi d’encourager les talents, de les aider à se développer. On cherche à favoriser une culture de partage ».

Le Greta ouvre les portes d’une première école d’orfèvrerie

 

« L’orfèvrerie est orpheline de formation donc l’organisme GRETA CDMA (50 ans) en a créé une qui ouvrira, en septembre 2025, à destination des adultes mais aussi de personnes en entreprise pour des montées en compétence », explique Natacha Raguet. « L’objectif est de permettre la transmission et la préservation de ces métiers que les entreprises d’orfèvrerie perdurent et continuent à exceller dans leur métier ». 

Pour Eric Despierre qui participe à la mise en place de la formation, le rôle des écoles dans les métiers d’art est majeur. Il explique : « Dans l’orfèvrerie les écoles n’existent plus donc forcément la transition ne peut se faire que dans l'entreprise. Par conséquent, quand des écoles d’art veulent ouvrir des formations, les maisons deviennent des acteurs. On a en tout cas tout intérêt à le faire si on veut avoir de nouveaux talents, de nouvelles personnes ». Et c’est à Carré Saint Cyr (Normandie) ville labellisée ville et métiers d’arts que s’ouvriront les portes de l’école qui permettra l’obtention d’un CAP orfèvrerie. « Le premier qui ouvrira c’est le CAP orfèvrerie option polissage et puis suivra une spécialisation en bijou de mode, coloration maroquinerie », précise Isabelle Gerard qui rappelle que le GRETA ne crée de formations à partir d’un écosystème local . « Ill n'y a pas d'écoles dédiées au métier en France, ou en tout cas avec la spécialisation dans le polissage », commence à expliquer Eric Despierre, « Pourquoi le polissage ? Parce que c’est un savoir-faire de l’orfèvrerie mais qui s’applique aussi à la robinetterie de luxe, à la joaillerie… Quand on a le niveau métiers d’art, on réalise qu’il s’applique à différents métiers ». Rendez-vous en septembre 2025.

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