Chez INCXNNUE, l’innovation est un savoir-faire
Créer un dialogue entre l’artisanat et les nouvelles technologies, le pari d’une jeune marque indépendante pour penser la création de demain.
On n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est sur cette idée que Laura Deweilde a lancé INCXNNUE, une marque de sacs à main où se croisent l’impression 3D et l’artisanat traditionnel. « J’étais fascinée par l’impression 3D, à laquelle je m’étais formée en école de mode. Mais je ne trouvais aucune marque qui la pratique et pour qui j’aurais pu travailler » explique-t-elle sur le Who’s Next Lab, un espace inauguré pour cette nouvelle édition du salon, consacré à toutes les nouvelles formes de créations mode.
L’artisanat au service de l’innovation
INCXNNUE, c’est donc la fusion d’une pratique encore peu démocratisée et des savoir-faire maroquiniers traditionnels. Un défi qui nécessite de sortir des sentiers battus et de se lancer dans l’inconnu. « On explore les techniques, les formes, mais aussi les matériaux. J’utilise par exemple de la coquille d’huitre, transformée en filaments, ou un silicone fabriqué avec des anthocyanes de raisin. À la base, rien de tout ça n’était destiné à la mode. » Le résultat : des sacs à main futuristes, tout en courbes et en angles, et des motifs 3D en volume qui ont déjà séduit, entre autres, les stylistes de la série Emily in Paris.
Mais plus qu’un bond dans le futur, c’est une question concrète que pose Laura Deweilde à l’industrie de la mode : comment faire évoluer l’artisanat pour le mettre au pas de l’innovation ? « Beaucoup de maroquiniers n’acceptent pas encore de monter des sacs avec impression 3D, parce que cela nécessite de modifier un peu leurs habitudes. Là est le challenge : réussir à dialoguer avec eux, à travailler ensemble pour faire évoluer les techniques. » Créer à partir des contraintes de l’impression 3D ouvre alors nécessairement de nouvelles voies pour allier le design à la technique, et ce dès les premiers croquis.
Enseigner et transmettre pour préparer l’avenir
Mais pour ancrer l’innovation dans le circuit, encore faut-il en démocratiser l’enseignement. C’est pourquoi Lucie Deweilde travaille désormais avec des écoles de mode, où elle forme à son tour les élèves à l’impression 3D et à ses possibilités stylistiques. « C’est à l’école qu’on peut tout explorer, avant de se spécialiser. L’avantage de l’impression 3D, c’est qu’elle permet vraiment d’expérimenter, y compris dans l’erreur. C’est aussi de là que viennent les inspirations inattendues. »
Et les passerelles entre les différents secteurs de la création. Sur le Who’s Next Lab, Lucie Deweilde présente également Kosmos, une marque de luminaires 3D fondée avec Gauthier Combes. Mais un fil rouge : l’innovation, qui permet aussi de gommer les frontières entre les disciplines pour inventer des passerelles qui font sens, à l’heure où elles sont plus poreuses que jamais. Et une façon de propulser des savoir-faire ancestraux dans un avenir fertile, grâce à l’alliance de jeunes créateurs inspirés, de nouvelles technologies et de fabricants à l’écoute, soucieux de renouveler l’artisanat.